IBM met la pression sur ses salariés en ce début d’année à l’occasion de la revue de la performance 2022 (procédure et outil CheckPoint).
Quelle surprise pour certains salariés de découvrir lors de cet entretien malgré des résultats satisfaisants qu’ils sont classés en “low performer” ! La notation est attribuée par la ligne de management avec éventuellement des suggestions soufflées par l’IA Watson.
Qu’est-ce que les élus du personnel constatent ? Très souvent, le salarié IBM porte le chapeau de problèmes qui ne sont pas de son fait. Par exemple, si IBM rencontre des difficultés économiques ou si IBM déplace les emplois à l’offshore…
La notation individuelle peut découler d’un quota de faible contributeurs (“low performers”) fixé a priori par IBM. IBM France se défend de pratiquer des quotas car c’est illégal au regard du droit français. Notre expérience de plusieurs décennies montre qu’IBM franchit par moments la ligne rouge.
Quelles sont les conséquences pour le salarié ? C’est pénalisant et dangereux. Outre la perte de chances en matière d’intérêt des missions, de promotion, d’augmentation, le manageur peut déclencher un PIP “plan d’amélioration des performances”. Une pression supplémentaire pèse alors sur les épaules du salarié : un lourd suivi est imposé par le manager. Et à terme, IBM peut déclencher une procédure de licenciement pour insuffisance professionnelle.
Lors du CSEC de janvier 2023, les élus ont demandé à la direction quels étaient les quotas de “Low Performer” imposés aux managers. Dénégation de la direction. Mais nous ne sommes pas dupes ! Les élus CFDT s’insurgent contre ces pratiques.
Nous assistons régulièrement les salariés en indélicatesse avec leur ligne hiérarchique. Contactez-nous en toute confidentialité pour une première discussion et des conseils, qui peuvent éventuellement déboucher sur des actions y compris juridiques.
Cf. le lien Intranet : https://w3.ibm.com/w3publisher/ibmcheckpoint/getting-started-in-checkpoint/what-is-low-performance
Ci-dessous la déclaration de la CFDT faite en CSEC.
« Ric Lewis, Senior Vice President Infrastructure d’IBM s’est exprimé pendant une récente réunion générale de service ( « 4Q22 Systems All Hands ») et a abordé la question de la productivité des équipes.
Il a déclaré en anglais, et nous transcrivons cette déclaration ci-après :
« we’re going to be pushing in the management chain to have a chunk of the population, ten percent of our population, that knows we’re looking for performance to improve from you“.
C’est à dire qu’il veut inviter les managers à mettre la pression, à priori, sur 10% du personnel, au motif que leur performance ne serait pas suffisante.
En France, nous recevons des témoignages de salariés positionnés en « low performer » (faible contributeur) par leur manager en ce début d’année 2023, alors que rien dans leur évaluation de résultat intermédiaire ou bien « middle évaluation », ou « reflexion », n’indiquait une baisse de performance du salarié.
La CFDT rappelle que le « forced ranking », (les « quotas forcés ») est une pratique interdite en France. Les tribunaux rappellent constamment l’illégalité des quotas de notes et la cour de cassation a reconnu, de plus, que ce système d’évaluation était « susceptible de générer une pression psychologique entraînant des répercussions sur les conditions de travail ».
En conséquence, nous demandons à ce que vous transmettiez le message aux managers sur cette pratique illégale, et que vous vous assuriez que ces évaluations inopportunes soient retirées.De plus, tout ceci intervient dans un contexte où IBM France vient de reconnaître dans le livre économique du plan de départ volontaire, que l’entreprise connaît des difficultés dans l’ensemble de ses divisions.
Aujourd’hui, la presse économique internationale fait état d’une annonce d’un plan de 3900 licenciements chez IBM. Nous pouvons, en toute bonne foi, nous poser la question du lien avec cette demande de 10 % de low performers à classer dans la compagnie.